Tout le monde le sait. Le 8mars de chaque année c'est la Journée Mondiale de la Femme. Liliane MOSEKA, étudiante en droit et coordinatrice diocésaine des jeunes de Goma, nous livre ici une réflexion à ce sujet. Elle se questionne sans fausse honte et sans détour sur l'avenir de la femme congolaise.
Depuis la nuit de temps, la femme du monde entier en général et celle de la R.D.C en particulier, a été et demeure objet de mépris, de moquerie, de violences sous toutes ses formes. Qu’elles soient domestiques (coups et blessures, les injures,…) c.à.d. provenant de son propre foyer, pour ne pas citer sa belle famille ; ou ex-domo c.à.d. de toute la société (en l’occurrence les violences sexuelles définies et réprimées par les nouvelles lois n° 018 et 019 du 20 Juillet 2006) ; ces violences et autres mauvais traitements créent dans la psychologie de la femme un sentiment d’infériorité, de sous-estimation ; bref de dépendance totale sur tous les plans qui constituent la personnalité même de l’être humain.
En effet, il est vrai que la société africaine regorge certaines vertus comme celle du respect de la femme envers son mari, la dignité de la femme dans son habillement, la solidarité clanique (qui est un élément caractérisant le continent d’Afrique par rapport aux 5restants). Néanmoins, l’on ne peut se voiler de vue et oublier certaines médiocres coutumes comme le sororat, le fait de combattre la veuve à la mort de l’ époux pendant tout le temps de deuil, l’excision qui est un rite consistant à l’ablation du clitoris pour qu’une fille ou une femme ne sente plus le désir d’un homme comme quoi elle doit rester fidèle, l’interdiction de consommer certains aliments tel que le poulet, les œufs, le fait de ne pas prendre parole dans l’assemblée des hommes et même dans son foyer quand le mari (chef du ménage) parle ; pour ne citer que celles-ci qui ont réduit la femme à un bien propre du mari. Celui-ci ayant le droit de propriété sur « sa femme » et par conséquent jouit de tous les trois attributs qui en découlent (jus utendi, jus fruendi et jus abutendi).
A côté de ces coutumes que nous n’hésitons pas de qualifier de « contra legem » il y a lieu de faire une analyse beaucoup plus objective de certaines de celles citées ci haut qui, paraissent à première vue bonnes.
Ainsi, nous sommes d’accord que la femme doit du respect à son mari, ce qui n’est que logique qu’on respecte celui qu’on aime. Cependant, non seulement que le respect doit être réciproque comme l’est d’ailleurs l’amour mais également nous ne saurions supporter l’’exagération dans ce type de respect qui mène très souvent à une soumission purement aveugle et hypocrite. Ceci d’autant plus que la femme se sent lésée par un tel agissement mais ne sait pas auprès de qui le dénoncé car la société qui l’entoure prend ce comportement comme logique et licite. Soulevons en passant, dans ce sens, la consommation du mariage dans le foyer.
L’on constate, en effet, que la femme congolaise à « mille bras » passe toute sa journée si pas dans un marché sous un soleil accablant avec un capital de rien du tout, alors elle se retrouve au-dessus des sacs de braise, d’haricots,…entassés dans un camion plein à craquer. Et, comme si cela, ne suffisait pas, sans quelconque préparation par l’époux qui, soit sous l’effet d’un verre pris de trop soit de la fatigue encaissée pendant le jour en passant de porte à porte pour déposer une demande d’emploi, celui-ci vient se rabattre sur cette dernière, fatiguée à mort, sans son avis préalable ou même contre son avis. Et, de ces unions non consenties en découlent des grossesses indésirables avec toutes les conséquences néfastes sur la vie quotidienne.
Premièrement sur le plan familial Où le fœtus dans le sien d’une mère qui ne l’aime pas du tout ne cesse de subir des tortures et menaces d’avortement ce qui joue sur sa constitution psychique et même physique ; les médecins en connaissent d’avantage. Si tout de même par chance il arrive à naitre il entre dans les cas des naissances indésirables. Ces naissances indésirables, non planifiées, perturbent l’économie familiale : l’éducation morale qu’intellectuelle sera remise en question; la malnutrition sera la bien venue car il y aura déjà déséquilibre dans les provisions budgétaires familiales; bref tout le climat familial est modifié.
En second, cet exemple familial qui semble être un problème privé est aussi cependant, un problème public dans le sens où, comme dit ci-haut, un enfant qui a échappé bel à un avortement forcé de la part de sa mère qui ne l’aime pas du tout, sort du sein de celle-ci avec une potentialité criminelle forte et qui risque de se matérialiser quand il découvrira en grandissant, par certaines injures de sa mère, qu’il est un enfant « non agrata ». Comprenons donc que cette rébellion ne sera pas seulement vécue dans le cadre de sa famille mais également dans toute la société. Aussi, des enfants mal nourris, mal soignés, mal vêtus ne trouvent-ils pas asile dans la rue où ils ont pour casseroles les poches des passants peu attentionnés et pour garder robe les friperies des mamans distraites. Ce genre d’enfants deviennent donc une charge pour leurs voisins et pour toute la société ; comme qui dirait «… et Dieu créa les voisins… ».
Dans cette même optique de la famille entant que base d’éducation, d’épanouissement et d’orientation des enfants ; il s’observe une discrimination entre les enfants filles et les enfants garçons quand bien même la constitution du 18 Février 2006 à son article 14 lutte contre toute forme de discrimination à l’égard de la femme. Ainsi donc, les jeunes garçons sont privilégiés par rapport aux jeunes filles quant à ce qui est de leur instruction. Mais aussi, toutes les autres formations comme l’apprentissage d’informatique, de conduire les véhicules… sont plus souvent exclues pour les jeunes filles auxquelles on ne laisse que la couture et dans certains cas la formation en art culinaire. Ce n’est pas mal savoir coudre et faire des recettes mais est-ce cela suffit-il ? Est-ce ce n’est pas là une façon de limiter les capacités des jeunes filles et femmes à certains métiers seulement ?
Toute fois, à côté de ces quelques exemples qui ne représentent pas totalement l’arsenal des problèmes et des violations des droits de la femme mais qui, cependant, peuvent constituer de grandes bases invisibles de ces grands maux visibles qui entourent les femmes congolaises ; il y a lieu de constater avec amertume la grande passivité qu’affichent la majeur partie des femmes quant à la définition et l’orientation de leur avenir.
Ne voyons-nous pas des jeunes filles à l’âge mature c.à.d. avec une capacité de réflexion mais qui dissipent l’argent leur donner pour la prime scolaire ou les frais académiques à des fins inutiles en préférant aller passer leurs journées dans des salons de beauté pour uniquement plaire aux hommes. Et plus encore dans des universités nous les rencontrons qui sillonnent les couloirs au lieu de rester suivre les cours, ne sachant pas qu’elles sont bienheureuses, elles pour qui les parents ont pris conscience de donner égale chance aux garçons comme aux filles.
En effet, derrière cette passivité se cache l’idée qu’il y a quelqu’un, un potentiel mari, qui étudie et prépare donc la vie pour elles. Cette idée très classique constitue un manque de responsabilité et à la longue un frein au développement car, quelqu’un à qui on a empiété un pied ne peut jamais, dans les mêmes conditions, courir aussi vite que celui qui a encore ses deux pieds.
De même un foyer, où tous les parents travaillent, a une garantie d’émerger rapidement que là où un seul (le mari) travaille.
Il est donc question en ces termes de conscientiser les femmes en général et plus particulièrement les jeunes filles de se lancer de tout leur cœur, pour ne pas dire de toute leur âme dans la recherche de leur émancipation surtout sur l’aspect mental car tous les autres aspects en dépendent : que cela soit la considération sociale pour l’égalité dans les droits, devant la loi, et pourquoi pas le respect dans le foyer. Somme toute, ceux qui disent « on fait d’une femme ce qu’elle veut qu’on fasse d’elle » n’ont pas tellement tort car, chaque femme possède en elle le potentiel de devenir plus que ce qu’elle est pour marquer son époque, devenir une source de bénédiction pour sa famille et pour la société toute entière